La Guinée a commémoré le 2 octobre 2025, les 67 ans de son accession à l’indépendance.
Les jours qui ont suivi cette date ont été décisifs pour le devenir du jeune Etat, la République de Guinée. Le 4 octobre 1958 par exemple, a eu lieu deux événements majeurs : (i) la présentation du premier Gouvernement de la République de Guinée et (ii) la reconnaissance officielle du jeune Etat par l’Union des Républiques Socialiste Soviétiques (URSS).
- Composition du premier gouvernement de la République de Guinée :
Après le retentissant Non du Peuple de Guinée exprimé lors du référendum du 28 septembre 1958, la République de Guinée est proclamée le 2 Octobre 1958 par l’Assemblée Nationale qui dans sa proclamation « donne les pleins pouvoirs au Gouvernement de la République de Guinée pour administrer et gérer les intérêts nationaux, prendre toutes mesures utiles, engager et conclure toutes négociations dans l'intérêt de la nation. »
Pour ce faire, elle investira ce même 2 octobre Ahmed Sekou Touré en tant que Président du Conseil de Gouvernement en plus d’avoir institué une Assemblée constituante chargée de l’élaboration de la première constitution de la République de Guinée.
Ainsi, deux jours après cette investiture, le 4 Octobre 1958, Ahmed Sekou Touré présenta solennellement son cabinet que l’on peut qualifier de gouvernement intérimaire, jusqu’à l’adoption de la constitution et la mise en place des institutions qu’elle aura créées. Il sera officiellement élu Président de la République le 15 janvier 1959 par l'Assemblée nationale. Il sera ensuite réélu à ce poste au suffrage universel pour des mandats successifs de sept ans, le 15 janvier 1961, le 1er janvier 1968, le 27 décembre 1975 et enfin le 9 mai 1982.
Dans ce premier gouvernent dont la composition suit, Sekou Touré cumule les fonction des Ministres des affaires étrangers et de la Défense en plus de celle de Président dudit Gouvernement :
Président du Conseil
- Ahmed Sékou Touré
Ministres
- défense et affaires étrangères : Ahmed Sékou Touré ;
- de l'intérieur et de la sécurité : Fodéba Keita;
- des finances: Alioune Dramé ;
- de la justice: Damantang Camara;
- des travaux publics, des transports et des P.T.T. : Ismaël Touré;
- des affaires économiques et du plan : Lansana Béavogui ;
- de la production : Jean-Eugène Mignard ;
- de l'économie rurale, du paysannat et de la coopération : Diallo Abdourahmane ;
- de l'éducation nationale : Barry Diawadou ;
- de l'enseignement technique : Michel Collet ;
- de la santé publique : Dr. Roger Najib Accar ;
- du travail et des affaires sociales : Bengaly Camara
Secrétaires d'État
- aux douanes et au trésor : Ousmane Baldé ;
- à l'information : Alassane Diop ;
- aux télécommunications : Abdoulaye Diallo ; et
- quatre secrétaires d'Etat rattachés à la Présidence : Moussa Diakité, Barry Ibrahima dit Barry III, Fodé Cissé et Nfamara Keita.
2- Reconnaissance de l’Union Soviétique
Dès le 2 octobre 1958, toujours dans la proclamation d’indépendance, l’assemblée nationale « invite le Gouvernement de la République de Guinée à prendre toutes dispositions pour accréditer la République de Guinée auprès des autres nations et de l'Organisation des Nations Unies ».
Dans cette perspective, le Président Sekou Touré écrit de nombreux télégrammes à plusieurs capitales du monde, qui vont répondre chacun à leur rythme et selon son positionnement.
Ainsi le 3 Octobre 1958, il envoie un télégramme au maréchal Vorochilov, président du Soviet Suprême de l'Union soviétique, pour l’informer de la proclamation de la République et demander l’établissement de relations diplomatiques entre les deux Etats.
Le maréchal Vorochilov lui répond le lendemain 4 octobre 1958, en saluant la « victoire remportée par le peuple de Guinée dans sa lutte héroïque pour la liberté et l'indépendance comme marquant une étape importante sur la voie de la libération de l'Afrique du joug colonial ». Il indique également que le gouvernement soviétique, « défenseur du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et respectueux des justes aspirations nationales des peuples asservis », reconnaît solennellement la République de Guinée en tant
qu'État indépendant et souverain.
Cette reconnaissance et l’établissement de ces relations diplomatiques seront déterminantes pour la consolidation et la survie de la jeune République. Tout d’abord elle va inciter d’autres puissances comme les Etats-Unis à lui emboîter le pas afin de ne pas se faire doubler dans la course d’influence Est/Ouest. Sans compter l’apport décisif de l’Union Soviétique et des pays de l’Est dans les domaines de l’armée, de l’industrie ou encore de l’éducation.
Baïla Amadou Traoré,
Citoyen Africain de Guinée
Source : Ahmed Sekou Touré, Président de la Guinée de 1958 à 1984, Tome 2 1956-1958 (chapitres 20 à 30), André LEWIN