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Mozambique 🇲🇿 Élimination d’un chef djihadiste, et après ?

Les autorités mozambicaines ont annoncé avoir abattu Bonomade Machude Omar, dit Abou Soulayfa Mohamed ou encore ibn Omar, considéré comme leader de l’insurrection djihadiste affiliée à l’Etat Islamique, à laquelle est confronté ce pays d’Afrique australe depuis 2017. Le Mozambique, une diversité en quête d’unité et de progrèsLa République de Mozambique est un État dont l’Histoire et la diversité peuvent être illustrés par son appartenance à plusieurs communautés économiques, régionales ou linguistiques.Tout d’abord en tant que deuxième pays lusophone d’Afrique après l’Angola de par sa superficie et sa population, le Mozambique est un pays membre de la Communauté des pays de langues portugaises. A noter qu’il est également membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie avec le statut d’Etat observateur.Ensuite le Mozambique est aussi membre du Commonwealth depuis 1995. Une adhésion qui s’explique par le fait que tous les pays limitrophes du Mozambique, à l’exception du Zimbabwe qui s’en est retiré, sont adhérents à cette communauté. Il s’agit de l’Afrique du Sud, du Malawi, du Swaziland, de la Tanzanie et de la Zambie. A noter qu’à l’instar de tous ces pays, le Mozambique appartient également à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).Enfin, avec une population Musulmane estimée à quatre millions soit environ 18% de la population, le Mozambique est également membre de l’Organisation de la Conférence islamique depuis 1994. Les musulmans y sont majoritaires dans seulement deux provinces situés au Nord du pays : Niassa et Cabo Delgado. C’est dans cette dernière qu’une insurrection islamiste s’est déclenchée.Cabo Delgado : le terreau fertile du djihadisme, avec tous les ingrédients classiquesCabo Delgado, l’une des 10 provinces du pays, est l’illustration et l’incarnation parfaite du Mal Africain. Une région immensément riche où d’importantes réserves de gaz ont été découvertes. Les multinationales Total, ENI, ExxonMobil, Sasol sont déjà sur place et lorgnent le développement d’immenses projets gaziers. Total y a déjà investi près de quinze milliards de dollars.Pendant ce temps, comme partout où le djihadisme a prospéré, les populations qui vivent dans l’extrême pauvreté, ne profitent pas des retombées des ressources naturelles dont regorgent leurs territoires. Au contraire, leur environnement est pollué, ils sont déplacés ou exploités. L’Etat absent, le vide est comblé par l’influence grandissante d’associations islamistes desquels ont ensuite émergés des groupes djihadistes. Et s’ajoute à ce tableau classique des clivages entre groupes sociaux-ethniques (Mwani, Makonde, etc.), et bien sûr ceux qui subissent ce clivage sont souvent des proies faciles à coopter pour les groupes terroristes.Cet état de fait devrait interpeler tous les États où ces ingrédients sont présents mais qui n’ont pas encore de menace terroriste directe. Car les choses basculent très vite lorsque ce cocktail est à point.La mort de Machude Omar, une étape importante mais une fin en soi :Enfin pour revenir à la mort de Machude Omar et conclure, c’est certes une étape importante pour le Mozambique, qui a lancé une offensive dans le nord du pays, appuyé par des troupes rwandaises et celles de la SADC. Cependant l’Histoire commande la prudence car si la mort des leader djihadistes peuvent affaiblir ces mouvements, il arrive souvent que le mouvement survive au leader. On peut d’ailleurs citer pour exemple l’Etat Islamique dont la mort de son leader, Abou Bakr al-Baghdadi a certes affaibli le mouvement mais ces tentacules sont toujours actives en Afrique notamment, au Nigeria, au Tchad, en Libye ou encore justement au Mozambique. La réponse à la menace djihadiste en Afrique ou ailleurs doit être multidimensionnelle et non simplement militaire.Baïla Amadou Traoré,Juriste, Journaliste-Chroniqueur