Autant j’ai beaucoup de compassion pour le Peuple Palestinien et de dégoût pour l’injustice permanente qu’il subit depuis trop longtemps, autant j’ai une profonde admiration pour sa capacité de résistance et sa résilience.
Les négociations qui viennent de s’ouvrir ce 6 octobre 2025 au Caire entre les représentants du Hamas et du gouvernement israélien, sous l’égide de négociateurs américains et arabes, en vue de la mise en œuvre de l’accord de paix proposé par Donald Trump, en sont l’illustration la plus récente et peut-être la plus symbolique.
Des négociations au parfum de victoire symbolique
Israël disait vouloir détruire le Hamas après les attaques du 7 octobre 2023. Pour atteindre cet objectif, il y a eu deux ans de bombardements continus ayant conduit a la mort de plusieurs dizaines de milliers de palestiniens et à la destruction de 90% du territoire de Gaza, offrant un spectacle apocalyptique cruel rarement vu dans l’histoire de l’humanité.
Or demain, 7 octobre 2025, deux ans jour pour jour après, le Hamas non seulement existe toujours, mais détient encore les otages et siège désormais à la table des négociations directement avec la puissance occupante. Leur communiqué répondant à la proposition d’accord de paix, dans un anglais shakespearien ,a même été partagé par Donald Trump sur son canal de communication officiel.
Le simple fait que le Hamas est sur la table des négociations constitue en soi une victoire politique et symbolique. Mais encore faut-il comprendre ce que signifie une victoire dans le contexte d’une lutte de résistance à la colonisation.
De la Victoire en résistance
Les mouvements de résistance ne visent pas une victoire militaire totale — objectif presque inatteignable face à un rapport de force profondément déséquilibré, celui-là même qui rend possible l’occupation et la colonisation. Leur victoire réside ailleurs : dans la capacité à durer, à épuiser l’oppresseur, à refuser la soumission.
C’est une lutte d’usure, faite de harcèlement, de coups d’éclat médiatiques, de boycotts, et de victoires morales. L’histoire en offre de nombreux exemples : la résistance contre l’apartheid en Afrique du Sud, contre le colon portugais en Afrique lusophone, contre la France en Algérie, ou encore celle menée par les juifs contre le mandat britannique en Palestine.
En effet il faut rappeler que l’Etat hébreux est bien placé pour comprendre ce concept de résistance et de lutte d’usure pour l’avoir eux-même un lise contre les britanniques. Avant la création de l’État en 1948, les groupes sionistes armés — le Haganah, l’Irgoun et le Lehi (ou groupe Stern) — ont mené, eux aussi, une véritable guerre d’usure contre le mandat britannique. Attentats, sabotages de voies ferrées, attaques de postes militaires : tout visait à épuiser la puissance coloniale jusqu’à la contraindre à partir. L’attentat de l’hôtel King David à Jérusalem, en 1946, qui fit plus de quatre-vingt-dix morts, symbolise cette stratégie de harcèlement permanent.
Un énième accord porteur d’espoir
L’accord de paix en discussion aujourd’hui reste aussi fragile qu’est insaisissable son initiateur Donald Trump. Aussi il s’inscrit dans une série d’accords tout aussi porteurs d’espoir mais qui se sont révélés être des échecs.
Israël, soutenu par les États-Unis, peut encore espérer dribbler les palestiniens comme avec les accords précédents, mais fatalement si la colonisation ne prend pas fin, il risque d’y avoir un autre 7 octobre comme il y a eu des intifadas après l’échec des accords d’Oslo.
En conclusion comme l’a rappelé l’a rappelé l’éminent Abdoulaye Touré, ancien ministre des Affaires étrangères de la République de Guinée, lors de la 1644ᵉ séance du Conseil de sécurité tenue à New York le 27 février 1972 au sujet de ce même conflit : « L’histoire du monde nous enseigne que la force brutale n’est jamais venue à bout de la volonté des peuples de reconquérir leur dignité, leur liberté, moins encore n’a réussi à annihiler ou à freiner la lutte de libération des peuples. »
PS : J’ai choisi pour illustrer ce point de vue l’image de Yasser Arafat à la mosquée de Conakry, le 30 mars 1984. Tout un symbole pour moi. Puisse la Guinée continuer à être du bon côté de l’Histoire, c’est-à-dire celui des opprimés.
Baïla Amadou Traoré,
Citoyen Africain de Guinée